samedi 29 novembre 2008

Un bien sombre avenir

Le principal intérêt de la science fiction, en dehors des grandes batailles spatiales et d'un bestiaire savoureux, c'est de nous faire réfléchir sur l'avenir de la planète à court terme.
C'est ce qu'ont fait par exemple les romanciers cyberpunk comme Sterling ou Gibson. Mais j'ai l'impression après coup qu'ils ont peut être trop anticipé certaines évolutions scientifiques. Je n'ai pas l'impression que le monde de Neuromancien ça soit vraiment pour tout de suite.
Et puis même si ils présentent une très bonne réflexion sur notre avenir, leurs histoire s'attachent à des personnages qui sortent quand même de l'ordinaire. ça n'est pas la vie de l'humain lambda qu'ils décrivent.
Et c'est la même chose en BD avec par exemple les séries de Fred Duval (Carmen McCallum, Travis) que j'adore par ailleurs.
Et si j'ai autant apprécié cette nouvelle BD, une brève histoire de l'avenir, c'est que justement elle nous alerte bien plus précisément sur ce que devrait être l'avenir des citoyens ordinaires que nous sommes. Elle est bien plus proche de nos préoccupations.

Si le titre vous dit quelque chose, c'est normal. Cette bande dessinée s'inspire du livre de Jacques Attali publié il y a quelques années. Dans ce livre (que je n'ai pas lu à part quelques résumés) il nous décrit sa vision du prochain siècle. Et en particulier les évolutions politiques, sociales qui devraient selon lui apparaitre. Alors qu'on apprécie ou pas le personnage, il faut bien lui reconnaitre une grande intelligence et bonne intuition sur ce qui pourrait se passer. Et même si il force sans doute le trait par moment (encore que ...) , c'est sans doute pour mieux nous préparer aux évènements à venir.

C'est sur cette base que les auteurs racontent le destin d'un groupe d'amis sur cette période visiblement charnière qui court de 2010 à 2050. Alors il n'y a pas vraiment d'histoire pour l'instant. Pas de trame générale. Juste une série de petits instantanés, éloignés de quelques années qui nous décrivent notre avenir. Et les personnages ne sont jamais vraiment acteurs, ce sont plus des spectateurs des évènements. Ils ne sont la que pour faire le lien entre les différentes situations. C'est un peu perturbant au départ mais on s'y fait vite, d'autant que le propos est vraiment intéressant.
Comme je l'ai dit, la force de cette DB, c'est qu'elle est crédible et proche de nous. A aucun moment on ne se dit "là, ils exagèrent". Pourtant, on retrouve de nombreuses idées déjà exprimées chez les cyberpunks. Éclatement de certaines nations, apparitions de sociétés-états, privatisation de toutes les institutions, dérives de la science etc ... Mais j'arrive pas à le dire autrement, mais ça passe. Et surtout, on imagine notre futur et il risque d'être très sombre. Hyper compétitivité, monde en constante mutation ... Il n'y aura pas de place pour tous et beaucoup risquent de rester sur le bord de la route.

Comme en plus le dessin de Damien est très agréable et colle parfaitement à l'histoire, c'est vraiment une très bonnes lectures et une des meilleurs BD de cette fin d'année.


Enfin tout ceci serait vrai si l'humanité survivait. Et si on en croit Christophe Bec dans sa nouvelle série Prométhée, ça n'est pas sur du tout. Lui il semble plutôt voir la fin du monde pour 2019.
Déjà, je lui suis gré de ne pas succomber à la mode de 2012 (tapez un peu 2012 sous google, vous allez comprendre).
Mais surtout, il a pondu un premier tome absolument palpitant. En mêlant habilement mythologie, histoire, science, surnaturel, il a créé une intrigue qui m'a vraiment tenu en haleine comme rarement (Enfin c'est souvent le cas dans ses ouvrages). Alors évidemment, c'est la même recette que pour Sanctuaire, Carthago ou Bunker mais c'est tellement bien fait que je m'y laisse quand même prendre.
En tout cas pour l'instant, impossible de deviner le moindre petit début d'explication donc je suis très impatient de découvrir la suite.
Au niveau du dessin c'est quitte ou double. On adore ou on déteste. Christophe Bec donne à ses personnages un côté très photo réaliste. Alors forcément, ça enlève pas mal de dynamisme au dessin. Mais franchement, moi ça ne m'a jamais gêné.

Donc la aussi une BD indispensable de cette fin d'année. J'attends la suite avec impatience, en espérant qu'il continuera lui même le dessin.

Aucun commentaire: