Or donc, c'est un dimanche de week end du patrimoine que je me suis décidé à aller voir l'exposition de Takeshi Murakami au chateau de Versailles.
Évidemment c'était blindé de monde, mais au final je n'ai pas trop fait la queue à l'extérieur. C'était vraiment bien géré. Par contre à l'intérieur, c'était pour le moins étouffant. Par moment on avançait à peine dans les couloirs.
L'expo commence dès le salon d'Hercule avec cette sculpture, Tongari Kun.
Tout de suite, on est dans l'univers Murakami, ce mélange de Pop Art, de manga et d'animation japonaise.
Tongari Kun me fait penser à un kappa. La grosse tête, les pattes de grenouille ... C'est bien sur très kitch, mais après tout, c'est aussi le cas du château de Versailles. L'un dans l'autre, ça s'accorde bien.
A noter que en principe, les photos étaient interdites. Alors je vous dit même pas les photos avec flash. Sauf que les surveillants s'en fichaient royalement. Est ce qu'ils savaient que de toute façon ils ne pourraient pas gérer ces centaines de personnes en train de photographier ...
Le côté kappa ressort encore plus. Vous allez trouver la comparaison idiote, mais la statue me fait vraiment penser au chef du village dans l'animé Arakawa under the bridge, en particulier les cheveux. Et oui j'ai pas des références formidables.
Ce qui ressort déjà à la vue des deux première statues, c'est l'extraordinaire qualité de la fabrication. Un des points commun de Murakami avec Wharol et son pop art, c'est que les deux ne sont pas des réalisateurs. Ce sont des concepteurs. Murakami travaille aussi avec une factory. Il conçoit les œuvres d'art mais ce sont ensuite des artisans ultra qualifiés qui interviennent. Ses oeuvres d'art peuvent avoir un côté très léger mais cela ne se fait pas au détriment de la qualité. Murakami n'est pas japonais pour rien. Sur certaines autres statues, on peut en particulier voir un extraordinaire travail de la feuille d'or.
Dans le salon suivant, le salon de Vénus, voici deux personnages fétiche de Murakami, Kaikai et Kiki.D'ailleurs, Kaikaikiki est le nom du collectif d'artistes japonais qu'a fondé Murakami.
Kaikai Kiki signifie grotesque et raffiné et décrit l'oeuvre du peintre du 16ème siècle Kano Eitoku (oui ça sert les audio guides). Et ce style a laissé une grande trace dans le Japon d'aujourd'hui et qui est un point essentiel de l'oeuvre de Murakami. Pour des fans de mangas et d'animation, un mot viendra immédiatement en les voyant. Kawai. Mignon.
Kaikai et Kiki malgré leur aspect gentillet sont des esprits gardiens. Ici ils gardent Louis XIV dont on voit la statue entre les deux.
Toujours avec mes références foireuses, on est vraiment dans l'esprit de l'animé summer wars qui est sorti avant l'été (et qui était vraiment excellent). Le contraste avec le cadre est intéressant, mais finalement ces éléments ne sont pas si antagonistes que ça. On est aussi assez proche du Versailles du Marie-Antoinette de Sofia Copolla.
Murakami étant un artiste "total", il réalise aussi des vidéos. Voici un trailer d'un futur (?) film Kaikai et Kiki.
Le salon suivant est le salon de Diane, la déesse de la chasse. Qui dit chasse dit chien. C'est pourquoi Murakami a choisi d'y exposer Pom & Me. Pom étant son chien préféré.
Autre raison de placer cette statue ici, l'artiste voulait avoir son portait à côté du célèbrissime buste de Louis XIV par le Bernin ...
Quand au kawai, on est vraiment en plein dedans.
Dans le salon de Mars, ce sont trois adorables figures (Saki, Tatsuya et Max et le chien Shimon) que l'on retrouve. Ils forment l'ensemble Jellyfish Eyes. Pourquoi Jellyfish (méduse), je me le demande.
Est ce volontaire d'avoir placé ces statues ultra choupi dans le salon du dieu de la guerre ?
C'est ici que j'ai entendu le plus de conneries sur l'expo. Des réflexions du genre "je ne suis pas venu ici pour voir des pikachus" ... A la rigueur, qu'on aime pas le travail de Murakami, ça ne me pose pas de problème. Après tout, je ne suis pas fan de l'oeuvre de Jeff Koons qui a été exposé ici aussi. Mais ce que je trouve idiot, c'est ces réflexions comme quoi Murakami n'a pas sa place ici. Je trouve cette vision de l'art assez réductrice. ça revient à tout mettre dans des cases qui ne doivent surtout pas se recouper. Le château n'est pas un sanctuaire qui ne doit surtout plus bouger. C'était aussi un lieu de vie qui donc changeait. Après tout si on suit ce raisonnement, les successeurs de Louis XIV n'aurait pas du placer du mobilier postérieur à celui fabriqué à l'époque de Louis XIV ...
Et je passe sur les réflexions sur l'art dége.... (vous aurez compris la fin du mot) de Murakami ou on va rapidement atteindre le point Godwin.
Pour revenir à la réflexion d'origine, honnêtement, si il n'y avait pas les œuvres de Murakami actuellement, il n'y aurait pas grand chose à voir. Non mais soyons sérieux. Versailles, c'est surtout un parc magnifique et une belle façade. Mais à l'intérieur, à part la chambre du roi, la chambre de la reine, la galerie des glaces et quelques peintures et statues, il n'y a rien à part des couloirs et des chambres vides.
Dans le salon de Mercure, Kincho Isu. On dirait un mélange de serpent et de champignon.ça tombe bien, Kincho c'est le champignon. Il y a bien sur aussi une référence au champignon atomique d'Hiroshima.
Vous remarquez bien sur l'oeuil, toujours très présent chez Murakami.
On ne dirait pas comme ça mais il s'agit de mobilier (un tabouret).
Voici Yume Lion, le lion des rêves. Bon désolé, la photo est mauvaise, mais le rideau de la salle était fermé et évidemment le flash aurait tout gâché sur la photo.
C'est la qu'on voit que rien n'est laissé au hasard par Murakami. La statue est dans le salon d'Apollon, le dieu qui était représenté par le soleil. La crinière du lion représente le soleil. Et Louis XIV était le roi soleil. Son plus célèbre portrait est d'ailleurs dans ce salon. Quand au lion, c'est bien évidemment le roi des animaux ...
Mais Yume lion est plutôt kawai, ce qui n'était vraiment pas le cas de Louis XIV.
Comme dans le salon de Mars, Murakami joue aussi sur les contrastes avec la statue de Miss Ko², une soubrette sexy, dans le salon de la guerre.
Il s'agit de la première grande statue de Murakami (il est au départ peintre), réalisée avec une société leader dans la fabrication de goodies. Elle est tout à fait représentative du ecchi.
A noter que Miss Ko² a l'uniforme des serveuses d'une grande chaine de restaurants au Japon.
Juste après le salon de la guerre, on arrive à la galerie des glaces. Bien sur, dans cette salle monumentale, il fallait une oeuvre monumentale, et voici Flower Matongo, le monstre aux fleurs.
L'oeuvre est inspirée d'un film des créateurs de Godzilla ou des gens après avoir ingérés des champignons voient des plantes éclore sur leur corps.
Et c'est vrai que cette oeuvre qui est au premier abord ultra kawai a un côté assez malsain aussi.
Comme dans les oeuvres précédentes, on retrouve toujours ces sortes de marguerites souriantes. Il faut savoir qu'à la base Murakami est un peintre spécialisé dans la peinture florale.
A l'opposé du salon de la guerre, il y a le salon de la paix. Est ce en référence au flower power qu'il expose ici Superflat Flowers ? Le mot superflat revient souvent chez Murakami et décrit son style. Une absence de profondeur à l'opposé de l'art occidental.
Désolé pour la qualité des photos qui ne rendent pas les couleurs pastel de l'oeuvre.
Une oeuvre intéressante dans le salon des nobles. Simple things, réalisées en collaboration avec le producteur de hip hop Pharell Williams. Murakami a réalisé cette tête monstrueuse (il s'agit de Mr Dob, un autre de ses personnages fétiche) et Pharell Williams s'est occupé de ces symboles de la société américaines recouverts de diamant. Faut il y voir une critique de la société de consommation ? Je ne connais pas assez Murakami pour me prononcer. en tout cas je trouve qu'on est assez proche de Warhol ici.
Dans la salle des gardes de la reine, J, une tête dorée grotesque. J'avoue que je n'ai pas grand chose à dire dessus.
Dans la salle du sacre, voici the emperor's new clothes, les habits neufs de l'empereur, en référence au célèbre conte. L'empereur est nu et il est à côté d'une copie du célèbre tableau du couronnement de Napoléon.
La barbichette de la statue me fait penser que peut être il s'agit d'un autoportrait ... Mais bon, c'est vraiment mon interprétation et je ne suis sur de rien.
Juste avant d'arriver à la salle des gardes du roi, un écran projette une de ses oeuvres vidéos, Six "coeur" Princess (comment on fait un coeur dans un éditeur de texte ?). Ultra kawai
La dernière salle de l'espo est entièrement au couleurs de Murakami. Moquette avec ses motifs floraux, 2 flower lamps au plafond (très art nouveau je trouve) et surtout une magnifique fresque au mur, Summer vacation in the kingdom of the golden. Il a fallu deux ans pour la réaliser !! J'adorerais en avoir une copie sur un de mes murs (je ne vous parle pas de l'original ça vaut plusieurs millions d'euros).
Alors désolé, la photo est nulle mais c'est la seule salle ou on ne pouvait pas prendre de photos. Mais comme je suis un rebelle, je l'ai fait quand même. Bouh le vilain.
Je trouve ça assez léger quand même. Interdire les photos, ok, mais dans ce cas, on propose un beau catalogue de l'expo, des cartes postales ... Or ce catalogue ne sortira que dans une quinzaine de jours. Super organisation. Enfin de toute façon c'est très difficile de trouver des livres sur Murakami en France. Je crois qu'il n'y en a pas d'édité. On ne trouve que des imports hors de prix.
En descendant pour sortir par l'escalier de la reine, on découvre une presque dernière oeuvre, Open your hands wide.
Et c'est en extérieur, devant les parterres d'eau qu'on découvre une dernière statue, Oval Buddha. Un Buddha plutôt menaçant par certains côté (hahaha, je dis ça car comme Janus, la statue a 2 faces).
Et franchement, cette statue rend très bien dans les jardins.
Si vous voulez voir quelques autres photos, elles sont dans cet album
Versailles - Murakami |
J'ai beaucoup apprécié l'expo même si j'aurais aimé voir plus de peintures par exemple. Je pense que parmi vous il y en a pas mal qui peuvent apprécier Murakami. C'est frais, gai. Et avec l'arrivée des mangas et des animés japonais en France, nous avons une partie des clés pour comprendre ses oeuvres. Et ensuite, il y a moyen d'approfondir plus les choses, de s'intéresser à ses influences.
En espérant qu'elle aura aussi ouvert les yeux à certains visiteurs même si je n'y crois pas trop.
Et pour finir, voici une vidéo qu'il a réalisé pour célébrer ces six ans de collaboration avec la marque Vuitton
En espérant qu'elle aura aussi ouvert les yeux à certains visiteurs même si je n'y crois pas trop.
Et pour finir, voici une vidéo qu'il a réalisé pour célébrer ces six ans de collaboration avec la marque Vuitton
6 commentaires:
Mais euh je loupe toujours tout moi !!! En plus je suis fan !!!
ouin ouin ouin
Il parait qu'il y avait l'année dernière une expo de lui dans la galerie parisienne qui le représente en France. Je suis vert de l'avoir loupé.
Pour faire un coeur, c'est "<3"
C'est là que je vois que je suis vieux ...
l'âge ne fait rien à l'affaire, c'est en googlant avec "smiley coeur ascii".
googlant ... ça vient du verbe googler c'est bien ça ?
C'est un terme de jeunes non ?
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